Le stage "mise en scène" de février à Samaroni

1ère journée

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Une ambiance très studieuse... mais vous n'avez pas la bande son.

Notes de stage :

Quelques mots sur le stage de pratique théâtrale mis en place par la Jeune Comédie pour ses animateurs volontaires et reconnaissants...

Mercredi 1er février :

9 heures : Arrivée sur les lieux. Une fois encore, c'est au collège Scamaroni. Pourquoi Scamaroni ? Pour ses lieux fonctionnels, incontestablement théâtrogènes ? Pour son équipe prête à les mettre à notre disposition (là, on voit l'utilité d'un chef d'établissement...) ? pour d'obscures raisons ésotériques ? Ne nous étendons pas. Ou plutôt pas encore. Nous nous roulerons au sol, certes, nous nous vautrerons parmi les mots et les mouvements, mais pour l'heure, achevons ce premier café au distributeur réel et non symbolique. Nous avons devant nous, à cette fin de sustentation tarifée, une petite demi-heure, certains esprits peu rigoureux et néanmoins vrignois ayant répandu le bruit d'un début de stage à neuf heures, soit une demi-heure avant la vérité. On voit que certains ne pensent pas à ceux qui ont un assureur à appeler. A propos d'appeler, répétons ici combien il est dommage de voir (ou plutôt de ne pas voir) quelques absents, qui ne nous ont pas informés de leur indisponibilité... Ils occuperont ces trois jours, virtuellement, une place que d'autres attendaient... Point d'opprobre, bien entendu, vous m'avez déjà tant pardonné mes oublis, mais quand même... Aurélie a bâti le stage au mieux, mais elle ne pouvait pas surbooker en prévision de déffections...

9 heures 30 : Vincent arrive. Comédien, mais présentable et manifestement honnête. Il remplace au pied levé José Renault, retenu par les imprévus réguliers de l'irrégulière intermittence. Nous ne comptons déjà plus les cafés ni notre monnaie, ce n'est d'ailleurs plus la peine, nous venons de découvrir que du café gratuit accompagnait notre entrée en stage. Dont acte.

10 heures 45 : nous venons de terminer l'analyse des besoins des stagiaires. La fragilité des édifices théâtraux que nous construisons dans nos ateliers, clubs et autres non-socle-commun-réductibles activités est une nouvelle fois palpée (la veinarde) : tous, nous cherchons à gagner en assurance vocale, à lier nos moments de théâtre qui émergent encore de manière hétéroclyte, à impliquer chacun de nos élèves dans le projet qu'il conduit avec ses copains, auxquels il se confronte et s'appuie.

10 heures 53 (soit un ou deux cafés plus tard) : les exercices pratiques. Intéressant de voir Vincent travailler comme nous (en professionnel de la chose théâtrale) et avec nous : il nous propose des exercices adaptés à nos demandes, interactifs et décortiqués autant que nous le souhaitons. On se sent un peu au coeur du système éducatif... Quels exercices, minaudez-vous sous le poids de mon verbiage ? Et bien ne verbions plus, marchons, vocalisons, rythmons :

I. LA MARCHE :

1. Matérialisation d'un espace scénique au sol (quatre longs morceaux de Chaterton d'électricien). Orientation de l'espace vers la zone réservée au public, que nous constituerons les uns et les autres au gré des exercices.
2. Marche libre et "normale" dans ledit espace. Vincent nous invite à varier l'allure de nos pas : "marchez avec détermination, comme si vous aviez quelque chose à faire". Il faut équilibrer notre répartition sur le plateau.
3. On ajoute la prise en compte de l'autre. D'abord en l'ignorant volontairement : "marchez en évitant les autres, vous ne voulez pas les croiser ni les rencontrer". L'intérêt ? Faciliter les relations attendues dans le groupe, en éliminant le problème de l'autre. On n'a pas encore à affronter le regard si brûlant des copains. ça met à l'aise quand on est un p'tit boutonneux qui grandit.
4. Maintenant, le regard. "Je ne peux marcher que si j'ai le regard d'un autre" nous dit Vincent. Nous voici repartis, passant de regard en regard comme Spiderman passe de fil en fil (comparaison recalée au Brevet Blanc 1999 du collège Nassau)
5. Exercice inverse. Je m'arrête quand j'attrape un regard, puis je repars en marchant dès que nos regards se quittent, jusqu'à une nouvelle accroche avec un nouveau participant.
6. L'intention se clarifie : je marche, mais je suis content de croiser l'autre, et je le manifeste par mon attitude.
7. La parole ! la parole ! "elle est devenue nécessaire à ce point du jeu", explique Vincent. Nous allons maintenant lancer un "Bonjour !" à tous ceux que nous croisons sur l'espace scénique. Ce "bonjour !" sera d'abord volontairement désagréable. On en revient à l'idée de commencer en négatif "je ne veux pas te rencontrer" pour ensuite se rencontrer plus facilement. Compliqués, ces boutonneux.
8. Le "bonjour ! " est maintenant jovial. Il gagne en intensité et va jusqu'au cri d'enthousiasme, scandé syllabe après syllabe "BON/JOU/R(E) !"

II. LA VOIX :

Tous les exercice se déroulent debout et en cercle.

1. Différencier quatre voix :
- la voix de terre (abdominale) qui vient du plus profond de nous mêmes. On la sent mieux la main sur le ventre : "frappe-toi le ventre, c'est là qu'est l'impulsion !" glosa d'ailleurs l'un d'entre nous, qui n'était pas le moins lettré.
- la voix de bois : c'est celle des exclamations : elle repose sur l'impulsion, venant toujours du diaphragme, mais avec force et brièveté.
- la voix de tête : on fait entrer le haut du corps en résonnance. Les sons sont aigus et désagréables.
- la voix d'air : cordes vocales au repos, seul l'air passe.

2. se fatiguer volontairement pour se rendre plus disponible à un travail vocal sur la respiration ventrale : genoux fléchis, sur place, se secouer de haut en bas, comme sur une moto de cross (Comparaison également recalée...) Lever les coudes et aller "attraper" des points imaginaires que l'on frotte vigoureusement entre les mains, le mouvement de moto cross continuant.

3. Maîtriser la force et la durée de la respiration : inspirer à fond, en remplissant bien le bas des poumons. Expirer sur un "mmmm" montant doucement vers un sommet (très modéré) accompagné du son "mmmma" puis redescendant vers le "mmmm". On pourrait dessiner une courbe en forme de colline.

4. Même mouvement sonore, plus poussé : nous imitons la sirène des casernes de pompiers.

D'ailleurs, la vraie sirène retentit, il est midi, on pique-nique et on discutâmes entre copains (phrase extraite du brevet blanc suscité).

13 heures 30 : Remise en route du groupe.
Nous lisons ensemble un texte qui servira de support à l'après-midi (L'augmentation, de G. Perec)

1. Nous marchons encore. Cette fois, il s'agit de se regrouper : par deux ! par trois ! par quatre !. A chaque fois, le groupe ainsi constitué doit évoluer dans ensemble, comme un banc de poissons. Pas de meneur désigné, il faut savoir le sentir. Cela se complique lorsque tout le groupe doit marcher ensemble. En jeu : mener, être mené, accepter de prendre l'initiative, savoir attendre son tour...

Nous sommes déjà dans le travail qui guidera notre après-midi : celui du choeur. Lieu à la fois collectif et individuel...

2. Ajoutons-y le coryphée : le choeur est statique. Un participant s'en détache et propose une démarche. Il s'arrête à quelques pas, se retourne, regarde le choeur. Ce dernier imite le déplacement proposé en rejoignant le coryphée. On répète l'opération avec plusieurs participants. Pas de désignation orale. A chacun de sentir et de se lancer.

3. On ajoute au principe de l'exercice précédent une phrase extraite du texte lu en début d'après-midi. Le choeur reprend la démarche et la phrase du coryphée.

4. Maintennat, il s'agit pour le choeur de réagir à la phrase du coryphée, en imitant toujours sa démarche. Exemple :
Le coryphée : "Votre chef de service n'est pas dans son bureau"
Le choeur, imitant le déplacement, vient se placer auprès du coryphée et joue la surprise ou l'impatience. Expressions de visage, position du corps, onomatopées, gestes.

5. Construire un tableau à partir de ce jeu de choeur :
Le choeur doit dire ensemble, sans "top départ" la pharse suivante, extraite du texte de travail : "Votre chef de service est là, vous toquez."
Consigne (ou contrainte ?) suivante : après la phrase, tout le monde se précipite vers la vraie porte de la salle et se met à y frapper. On trouve le rythme qui permet à tous de frapper en... choeur.
Consigne suivante : après avoir frappé à la porte, le choeur s'enfuit comme des gamins jouant à "une partie de sonnettes"

Intérêt : par des consignes successives, on crée une situation mise en scène impliquant tout le monde et donnant une interprétation du texte.

6. Faire son entrée sur scène. Chacun doit entrer sur scène, aller vers une machine à café imaginaire, s'arrêter et se présenter en disant le nom et le prénom de son personnage, un verbe qui le caractérise, ce qu'il aime et n'aime pas.

7. On fait maintenant entrer tout le monde ensemble, sans texte. On regarde la machine à café et on mime ensemble les gestes de quelqu'un utilisant cette machine.

8. On quitte le réalisme de ces gestes (n'est-ce pas Manue !) pour symboliser seulement la situation, en y ajoutant les émotions (personnage accablé)

9.On utilise le tableau ainsi créé pour lancer le texte de ce début de spectacle : rupture du tableau sur le dernier geste symbolique du choeur, puis recomposition autour d'un personnage tombant en arrière dans les bras des autres participants. Ce personnage dit alors sa phrase, qui s'avère (hasard ou réalité scientifique ?) être la première...

10. Mise en scène de la suite du tableau à partir des propositions de jeu des uns et des autres (on n'en discute pas a priori, mais a posteriori, après avoir fait ensemble.)
Où l'on voit que le rôle du metteur en scène est de tirer les fils donnés par les acteurs. L'un facétieux et barbu, fait apparaître ses mains dans l'encadrement de la porte, son corps restant pudiquement caché. Cette idée sera développée pour jouer des expressions (doigts qui pianotent, se déplacent...)
L'autre, non moins facétieux mais néanmoins rethelois, regarde dans deux directions opposées (successivement). Le metteur en scène demande au premier acolyte de suivre ce mouvement, ce qui donne incontestablement une force comique à la situation.

11. Le groupe est séparé en deux sous-groupes. Chacun doit proposer une mise en scène d'un des courts tableaux suivants dans la pièce support. Consigne : présenter ce jeu dans un lieu différent du plateau scénique (couloir, escaliers...) Un groupe trouve seul et sans aucune aide retheloise l'idée de jouer avec les hublots des portes coupe-feu du couloir. L'autre groupe choisit, sans aide carolo, mais c'est rien, de se localiser dans l'escalier.

12. Bilan de la journée et programme de la suivante : "nous furent contents et promîmes de nous retrouvait demain, disa chacun d'entre nous".

On vous tient au courant demain soir, ici même, sur le site du Festival !

Fayçal

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